Le rire des déesses d’Ananda Devi

Plaisir de lecture :18/20

j’ai aimé :

  • Le voyage en Inde
  • L’histoire lumineuse

Le rire des déesses d’Ananda Devi
Parution le 01/09/2021 aux Editions Grasset
240 pages

Présentation de l’éditeur : Au Nord de l’Inde, dans une ville pauvre de l’Uttar Pradesh, se trouve La Ruelle où travaillent les prostituées. Y vivent Gowri, Kavita, Bholi, ainsi que Veena, et Chinti, sa fille de dix ans. Si Veena ne parvient pas à l’aimer, les femmes du quartier l’ont prise sous leur aile, surtout  Sadhana. Elle ne se prostitue pas et habite à l’écart, dans une maison qu’occupent les hijras, ces femmes que la société craint et rejette parce qu’elles sont nées dans des corps d’hommes. Ayant changé de sexe et devenue Guru dans sa communauté, Sadhana veille sur Chinti.
Leurs destins se renversent le jour où l’un des clients de Veena, Shivnath, un swami, un homme de Dieu qui dans son temple aime se faire aduler, tombe amoureux de Chinti et la kidnappe. Persuadé d’avoir trouvé la fille de Kali capable de le rendre divin, il l’emmène en pèlerinage à Bénarès. Comment se douterait-il que sur ses pas, deux représentantes des castes les plus basses, une pute et une hijra, Veena et Sadhana, sont parties pour retrouver Chinti, et le tuer ?
Des bas-fonds de l’Inde où les couleurs des saris trempent dans la misère à sa capitale spirituelle, Ananda Devi nous entraîne dans un roman haletant et riche pour fouiller, à sa manière, les questions brûlantes de notre époque : la place des femmes et des transsexuels, le règne des hommes et la sororité  ; les folies de la foi, la pédophilie  ; la religion, la colère et l’amour. Avec son style incisif et poétique, elle brise le silence des dieux pour faire entendre et résonner le cri de guerre des femmes – le rire des déesses.

Mon avis :

Chanti n’a eu un prénom qu’à ses 9 ans. C’est elle qui l’a choisi. Elle vit avec sa mère dans un ruelle des prostituées en Inde. En évitant de lui donner un nom, sa mère, Veena, pensait qu’elle pourrait l’oublier. 

Elle aura essayé toutes ces années en la laissant sans lui accorder d’importance et en la considérant comme une chose dérangeante. Seulement à partir de ses 9 ans, Chanti va être l’objet de l’affection des autres prostitués de la ruelle, leur rendant des services. Malheureusement en grandissant, elle va également attirer l’attention d’un client de sa mère, pourtant un homme saint. C’est à partir de ce moment que le cœur de sa mère va s’emballer, s’inquiéter, complètement démunie face à l’avenir qui attend sa fille mais qu’elle veut lui éviter. 

L’histoire est racontée par Sandhana, un émasculé selon les anciens rites, Sandhana vit dans une maison de marginaux, des hijras mis à l’écart de la société et vit de la danse. Elle rencontre Chanti et s’y attache.

On est introduit dans les bas fonds de l’Inde parmi ces femmes qui ont échappé à un avortement sélectif mais abandonnée car avoir une fille c’est un fardeau pour la famille. Elles forment une sorte de famille, mais la rivalité existe malgré l’entraide favorisée par le désespoir qu’elles ont en commun. 

Pour récupérer Chanti qui a cédé à l’attention et aux promesses d’abondance de cet homme saint, Chanti et Sandhana vont s’allier et mener bataille. Au vu de leur statut, elles devront faire preuve d’imagination pour ne pas aborder de front cet homme. 

C’est une lecture perturbante, bouleversante mais lumineuse et humain. Au fond de cette ruelle avec ces femmes dans le désespoir qui n’ont eu aucun choix à faire, l’auteure allie des personnages improbables guidés par leur amour et leur détermination à sauver une petite fille, lui épargner le même sort, lui offrir un autre avenir. 

Cette petite fille devient une cause pour ces femmes déshumanisées, juste considérées comme de la chair. 

C’est un dépaysement malheureux mais une magnifique rencontre avec ces personnages. 


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