Plaisir de lecture : 18/20
Je recommande : Vivement
J’ai aimé :
- retrouver l’univers et le talent de conteur de Michael Farris Smith

Blackwood de Michael Farris Smith
Traduit par Fabrice Pointreau
Parution le 29 avril 2021 aux Editions Sonatine
288 pages
Présentation de l’éditeur :Vénéneux. Après y avoir vécu un drame quand il était enfant, Colburn est de retour à Red Bluff, Mississippi. Il y trouve une ville qui se meurt en silence. Lorsque deux enfants disparaissent, les tensions alors sous-jacentes éclatent au grand jour, et la vallée s’embrase.
La prose lyrique de Michael Farris Smith est à l’image du kudzu, cette plante invasive qui s’accroche à tout ce qui se trouve sur son chemin et étouffe lentement Red Bluff : plus le lecteur avance dans le livre, plus il se sent enlacé, retenu, pris au piège. Jusqu’à un final sidérant.
Mon avis :
Encore une fois, me voilà bluffée par le talent de conteur de Michael Farris Smith et sa capacité à nous immerger dans un univers sombre et oppressant.
Un homme, une femme et un garçon débarquent dans une Cadillac pourrie à Red Bluff . Le shérif du comté, Myer, les remarque et leur propose de les aider à réparer leur Cadillac mais ils refusent.
Ils vont rester sur place sans révéler leur identité mais vont venir intriguer ce comté où la vie de chérif est de tout repos et sans grande sollicitation.
A la même période, Colburn revient dans la ville. C’est un enfant du coin qui est connu car son père s’est suicidé alors qu’il était adolescent et c’est lui qui l’a retrouvé. Colburn est un personnage tourmenté par son passé, ses parents et cherche les réponses aux rejets de son père à son égard.
Le sympathique chérif va voir le calme de son territoire être remis en cause, surtout quand des gens se mettent à disparaître.
L’histoire avance lentement, tout est installé progressivement, les personnages, leur histoire, leur vie, leurs blessures. Tout est maitrisé.
On est un peu guide à l’aveugle, je me suis parfois demandée où j’allais mais j’étais captivée par la subtilité avec laquelle Michael Farris Smith plante le décor, l’ambiance électrique et pesante dans laquelle il enferme progressivement le lecteur. C’est hypnotisant.
On est comme dans un huis clos avec ces personnages.
Ils sont aussi maîtrisés que l’environnement dans lequel ils évoluent. Ils sont sombres, sans identité, blessés, inquiétants. Ici l’auteur s’attaque à la paternité, les pères sont violents, absents ou indifférents, en colère.
L’auteur resserre la pression autour du lecteur. En y ajoutant une touche de mysticisme, il le rend encore plus angoissant.
Un roman noir captivant et oppressant très réussi.

Une réflexion sur “Blackwood de Michael Farris Smith”