Qu’en ont pensé les lectrices optimistes ?
Elles ont aimé :
- Le personnage de Celestial indépendante et ambitieuse
- Le style de Tayari Jones, fluide et agréable
Elles ont moins aimé
- L’erreur judiciaire qui n’est pas exploitée
- Ne pas s’attacher aux personnages

Un mariage américain de Tayari Jones
An American Marriage (29/01/2018)
Traduit par Karine Lalechère
Parution le 29/08/2019 aux Editions Plon (collection Feux croisés)
432 pages
Présentation de l’éditeur : Celestial et Roy viennent de se marier. Elle est à l’aube d’une carrière artistique prometteuse, il s’apprête à lancer son business. Ils sont jeunes, beaux et incarnent le rêve américain… à ceci près qu’ils sont noirs, dans un État sudiste qui fait peu de cadeaux aux gens comme eux. Un matin, Roy est accusé de viol. Celestial sait qu’il est innocent, mais la justice s’empresse de le condamner.
Les années passent, et la jeune femme tient son rôle d’épouse modèle jusqu’au jour où cet habit devient trop lourd à porter. Elle trouve alors du réconfort auprès d’Andre, son ami d’enfance. À sa sortie de prison, Roy retourne à Atlanta, décidé à reprendre le fil de la vie qu’on lui a dérobée…
Avec ce portrait de la classe moyenne noire du sud des États-Unis, Tayari Jones radiographie le couple et signe une histoire d’amour tragique et contemporaine qui explore les thèmes de la famille, de la loyauté, du racisme. Caustique et rigoureuse observatrice de son temps, cette auteure reconnue outre-Atlantique s’attaque en femme de lettres aux maux qui rongent la société américaine, et parvient à donner à ce texte fulgurant et âpre tous les atours d’un grand roman.
L’avis de Manon :
Celestial et Roy sont mariés depuis un an quand la foudre tombe sur eux sous l’aspect d’une erreur judiciaire qui condamne Roy à 12 ans de prison. Les débuts de la séparation sont racontés sous forme de lettre, ce qui m’a plu et accroché au sort de ce couple. Peu à peu elles nous dévoilent l’éloignement puis l’influence de personnes extérieur à leur couple. Mais jusqu’où peut aller la patience et le sacrifice d’une épouse quand au bout d’un de mariage son époux est emprisonné ? même un époux innocent. Quand Roy est libéré et que Celestial a refait sa vie, doit-elle retourner en arrière également ? A partir de cette erreur judiciaire, qui n’est pas exploitée, on suit, chacun à son tour les acteurs d’un trio amoureux. Si je pensais regretter l’absence de suivi de l’erreur judiciaire, j’ai apprécié que l’auteur se concentre sur la psychologie des personnages chacun tiraillés entre l’engagement du mariage ou de l’amitié et ses sentiments et ses ambitions. C’est le dilemme d’une femme qui, éloignée de son époux, a développé des sentiments pour un ami d’enfance. D’ailleurs j’ai beaucoup apprécié d’avoir le portrait de cette femme qui réussit professionnellement et qui ne se sent pas coupable de penser à elle, à sa carrière, à ses désirs.
Autour de ce triangle amoureux gravitent les parents de chacun, ce qu’ils ont transmis à leurs enfants. Et entre le couple que forment Roy et Celestial, même au delà de toutes ces personnes le fantômes d’un enfant qu’ils n’ont pas eu. Les débuts étaient prometteurs malgré la lenteur du récit qui ne m’a pas ennuyé mais je suis restée sur ma fin. J’aurais voulu en savoir plus sur la relation entre Celestial et Roy, entre Andre et Celestial, connaître les origines des amours. Mais je me suis accrochée à ce qui m’a paru être mis en avant : la force des sentiments de chacun des personnages, l’injustice ressenti par chacun innocent dans leur rôle d’accusé, de femme adultère ou d’amant également ami du mari se ressent dans les dialogues, les confrontations. On sent le déchirement de chacun, car il n’y a pas de coupable à part ce système judiciaire qui a condamné un homme sans lui permettre de se défendre, a détruit son entourage et l’a condamné également à repartir de zéro alors qu’il avait tout fait pour s’offrir une vie paisible.
Globalement une bonne lecture mais sans emballement général.
L’avis de Cécile :
Roy et Celestial sont mariés depuis à peine 18 mois lorsque Roy est condamné à tort à 12 ans de prison pour viol, mauvaise couleur de peau au mauvais endroit au mauvais moment… Voilà le point de départ de ce roman de Tayari Jones, la sélection roman du jury de septembre du grand prix des lectrices Elle.
Comment se sentir mariée lorsque votre mari a passé plus de temps derrière les barreaux qu’avec vous ? Comment construire son mariage et faire grandir l’amour lorsqu’on ne se voit qu’une fois par semaine au parloir ? Doit-on être solidaire au point de sacrifier également sa vie, ses rêves, ses envies ?
Ce sont toutes ces questions que se posera Celestial lors des premières années d’incarcération de Roy. Auprès d’elle, Andre, son ami d’enfance mais également l’ami de Roy, la soutient et répond présent à chaque épreuve.
Si l’idée de départ me plaisait assez, je n’ai pas trouvé mon compte dans ce roman. Je ne me suis pas attachée aux personnages et j’ai survolé leur histoire sans me sentir impliquée. Leurs histoires familiales ne m’ont pas convaincue, ni le couple Celestial-Roy qui m’a semblé bien fragile dès le départ.
Cependant, j’ai beaucoup apprécié la plume de l’auteure, fluide et agréable, qui se lit très bien.


